13.4.04

Globalia

Le dernier roman de Jean-Christophe Rufin, Globalia, est magistral. Déjà, il se lit tres facilement et lorsque l'on s'immerge dans ses pages on ne veut plus en sortir. En commencant ma lecture, je trouvais que c'était plutot bon signe. Rufin nous plonge dans un monde dystopique qui ressemble de facon effrayante au notre.
Globalia, c'est la démocratie absolue, la démocratie poussée "aux limites de ses faiblesses". Sa devise, "Liberté, Sécurité, Prospérité", résume tout à fait l'évolution plus que probable de nos démocraties occidentales dans un futur pas si éloigné que cela. Rufin ne situe pas son roman à un moment particulier du temps. Il s'agit de notre futur, mais on ne sait pas la distance qui nous en sépare. Globalia est une grande nation mondiale qui a abolit les notions de nationalités et renie les origines (et par là meme, l'Histoire). Les gens y vivent vieux, et les jeunes sont plutot mal vus dans ce monde ou les personnes de 80 ans, apres de nombreuses opérations chirurgicales, paraissent jeunes. Pas vraiment jeunes d'ailleurs, mais hors du temps. Le temps s'annule d'ailleurs lui meme tous les soixante ans, puisque les années sont comptées sur le modele des minutes et des secondes. Apres 60, on recommence à 1.
Globalia ne représente que des parties "sécurisées" de la Terre. En effet, les Globaliens vivent sous des spheres de verre, ou le temps est toujours régulé pour avoir un soleil éclatant. Au dehors de ces spheres, il y a les non-zones, habitées de brigands, de mafieux, de tribus et... de terroristes. Les non-zones sont laissées a l'abandon, sauf pour les bombardements globaliens occasionnels. La liberté absolue, ici, est trouvée dans de grandes prisons de verre d'ou les gens n'ont pas le droit de sortir. Il peuvent y voyager, mais pas en sortir. Et pour les faire rester, le gouvernement utilise la peur, la menace terroriste.
Globalia c'est une histoire d'amour entre Kate et Baikal, deux jeunes qui ne se sentent pas a l'aise en Globalia et qui revent d'un ailleurs. Au cours d'une randonnée dans une salle de "Trekking", ils s'enfuient vers les non-zones... pour etre aussitot repris par la "Protection Sociale". Les amoureux sont séparés. Se reverront-ils un jour?
Ce livre peut faire penser à 1984, mais il s'agit d'une version actualisée, qui a pris conscience des nouveaux dangers représentés par nos sociétés. Cette univers dystopique n'est plus une dictature sévere, mais une démocratie totale ou les gens peuvent occuper un travail ou un loisir, ou les peines de prison sont rares et ou les gens vivent longtemps. Les Globaliens ont le choix, mais le choix qu'on leur offre.
Je conseille à tout le monde de lire ce livre et de le faire lire. Peut-etre permettra-t-il une prise de conscience générale.
Globalia est paru en décembre 2003 aux éditions Gallimard-roman contemporain.
Sur Rufin