22.3.04

Li Zhensheng

Bruxelles- Hôtel de Ville- Grand-Place

L’exposition retrace le parcours d’un jeune photographe chinois entre 1964 et 1976 et à travers son histoire, celle de tout un peuple plongé dans les dérives de la Grande Révolution Prolétarienne initiée par Mao Zedong. Conservée à ses risques et périls, la collection unique des images de Li Zhensheng qui a travaillé durant 20 ans pour le Quotidien du Heilongjiang, un journal du parti communiste du nord-est de la Chine, reste à découvrir.
Il s’agit là d’un témoignage capital sur l’ampleur des violences qui ont submergé la Chine à la fin des années soixante, du prélude de la Révolution Culturelle, à la mort de Mao le 9 septembre 1976.

L’exposition, commencée le 21 février, restera à Bruxelles jusqu’au 2 avril avant de partir sur Londres, Barcelone et Berlin. Conçue et réalisée par l’agence Contact Press Images (Paris-New York), cette exposition a été rendu possible par le courage de Li Zhensheng lui-même. En effet, à partir de 1999 et au terme de plusieurs voyages, Li a amené plus de trente mille enveloppes soigneusement ordonnées et contenant chacune un négatif à l’agence Contact Press Images à New York. Toutes les enveloppes étaient accompagnés d’une calligraphie expliquant chaque photo en détail. Certains de ces négatifs n’avaient pas vu le jour depuis près de vingt ans…
Les photos montrent l’endoctrinement fanatique du peuple chinois sous l’influence de Mao et son bras droit. On y voit l’humiliation des ennemis à la révolution (terme très aléatoire), obligés de faire des séances d’autocritique devant des foules de milliers de personnes. Leur châtiment était de rester debout sur des chaises des heures durant en s’arc-boutant vers la foule et en portant des pancartes autour du cou révélant leur trahison. Ils étaient fustigés par cette foule au petit livre rouge, criant les préceptes de Mao et dansant en son honneur. Mao a tenté de réécrire l’histoire chinoise en appelant à détruire de nombreux textes. Les seuls livres autorisés étaient les livres du parti qui contenaient les préceptes du « grand timonier » ou encore des recueils de ses citations. Puis il y eut les séries de condamnation à mort…
On assiste en regardant ces photographies à la perte totale de la notion d’individu sauf lors des autoportraits réalisés par Li dans son bureau au journal. C’est là que réside le décalage et que transparaît le mieux la vision du photographe sur ces évènements.
D’un point de vue technique, ces photographies sont magnifiques. Il y a une vraie recherche dans la composition. Travaillant au 24x36 et au moyen format, Li a fait souvent appel à des diptyques et triptyques dans lesquels il montre l’ampleur des rassemblements ou simplement des évènements.
Une exposition que je conseille vivement à tous.