15.3.04

War Market

Nous vivons une époque inquiétante. La puissance militaire des Etats Unis est telle qu'aucun autre pays ne peut leur faire concurrence. Le seul moyen de les toucher, est par une action individuelle ou par l'action de groupuscules. C'est un des revers de la mondialisation, ou l'individu se retrouve avec de nombreuses possibilités d'attaquer l'ordre établi, en bien ou en mal. L'internet fourni une base de données immenses a qui veut bien se donner la peine de chercher, et cet outil n'est pas controlable a 100%. L'individu, prenons en exemple les attentats du 11 septembre ou du 11 mars, a désormais une force de frappe, une capacité destructive immense, d'autant plus du fait qu'il soit imprésivible. N'importe qui peut désormais devenir un acteur dominant, du moins puissant.
Il faut bien évidemment réfléchir aux origines de ces attentats, mais ils justifient la puissance américaine sans en etre pour autant a l'origine. Avant Al Qaeda, c'était le communisme. Les Etats Unis ont toujours eu besoin de se créer un ennemi d'Etat ce qui leur a permis de controler leur population par des schémas de peur et de délation. On retrouve ici une des caractéristiques de l'état totalitaire tel que George Orwell l'imaginait dans 1984. A la fin de la guerre froide, les USA avaient suffisamment de tetes nucléaires pour faire exploser de nombreuses fois l'intégralité de la surface de notre planete. L'argent investi dans l'armement aurait certainement était le bienvenu ailleurs et tant qu'a investir dans la protection, pourquoi pas dans la protection sociale?
On dirait que les Etats Unis se préparent a une guerre mondialisée. La guerre du Golfe II a donné aux médias de nouvelles perspectives. Des équipes de télévision étaient présentes au coté des soldats, les civils restés au pays pouvaient jouir du quotidien de la vie du soldat, ils participaient ainsi passivement a l'effort de guerre, tremblant meme pour ces dévoués soldats derriere leur écran de télévision.
La guerre a de l'avenir. Elle offre de nouvelles possibilités de profit: vente d'armement, entreprises appelées pour la reconstruction... Encore faut-il que toute la nation soit prete a partir en guerre s'il le faut. Le systeme éducatif américain met l'accent depuis de nombreuses années sur la pratique intensive du sport. Or il faut avoir, en général, un passé sportif pour s'en sortir comme soldat.
Cette idée a éte démontrée récemment par la BBC, qui a créé une emission de télé-réalité intitulée "SAS ... quelquechose... do you have what it takes?" ou les participants, pour la plupart sportifs affirmés, suivent un entrainement militaire dans un désert et participent a des missions au fil des semaines. Des candidats sont renvoyés chez eux toutes les semaines. On retrouve l'ambiance Counter Strike pour de vrai. Les apprentis SAS doivent attaquer des camps de terroristes (qui ressemblent étrangement a ceux que les médias d'information nous montrait d'Al Qaeda...) avec des armes chargées a blanc. Cette émission souhaite montrer au civil que les conditions de vie du soldat sont rudes et que tout le monde ne tiendrait pas dans ces conditions. Je pense qu'elle a aussi pour but de faire des vocations militaires chez les jeunes (tout comme les jeux videos, tel CS par exemple) et de cautionner le recours a la guerre aupres du public. Je ne sais pas ce que les participants a l'émission gagnent au final. Des vacances? Le droit de rentrer dans les SAS et faire la guerre pour de vrai? C'est d'un pathétique. J'espere que pour le final de l'émission, la BBC chargera les armes avec de vrais munitions, afin que le message de mort porté dans toute guerre soit beaucoup plus présent a l'esprit du public et des participants. "Ainsi c'est ca la guerre..."
En tous cas, nous voyons que certains pays occidentaux conditionnent leur population a partir en guerre. Que ce soit par la volonté de faire du corps un objet puissant et athlétique ou par les divertissements que l'on offre a la population. On verra bientot a nouveau les jeux du cirque dans nos sociétés, et les jeux olympiques retrouveront eux aussi leur morbide splendeur. [lire Georges Pérec: W ou le souvenir d'enfance]